En affectant initialement l’os du talon, la maladie d’Haglund touche aussi fréquemment un tendon essentiel s’insérant dessus, le tendon d’Achille, d’où des risques de tendinite, voire de rupture. Comment prendre en charge un syndrome de Haglund, pour éviter tout déséquilibre de la chaine postérieure du membre inférieur, indispensable à la marche ?
La maladie de Haglund, c’est quoi ?
La maladie de Haglund, du nom du chirurgien suédois qui la décrivit en détail en 1928, se définit comme un conflit rétro-calcanéen dû au développement d’une proéminence crânio-latérale de la grosse tubérosité du calcanéum, l’os du talon. La compression dans la chaussure aboutit alors au développement d’une callosité sur la zone de frottement de la chaussure, avec douleur. Cette pathologie du pied s’avère souvent bilatérale, et se voit le plus souvent entre 20 et 30 ans, car elle reste avant tout liée à des causes anatomiques constitutives (anatomie du talon pointue et saillante, pied plat…).
D’autres facteurs, comme le port de chaussures rigides, peuvent favoriser cette maladie d’Haglund. C’est le cas des chaussures de sécurité, pouvant faire parfois du syndrome de Haglund une maladie professionnelle. Elle n’est toutefois reconnue au titre du tableau 57 des maladies professionnelles que dans les cas de tendinite d’Achille objectivée par échographie, pour un poste de travail incluant des « travaux comportant de manière habituelle des efforts pratiqués en station prolongée sur la pointe des pieds ».
Maladie de Haglund : des symptômes aux complications
Les symptômes d’une maladie de Haglund sont en principe très évocateurs :
- Les signes locaux, avec la protubérance sur le talon et la callosité en regard sur la peau ;
- Les signes douloureux, avec une douleur de la bursite retro-calcanéenne, que ce soit à la marche ou au repos, accentuée par le port de chaussures.
Cette protubérance osseuse va être responsable d’un conflit entre l’angle calcanéen postérieur et le tendon d’Achille, le frottement créant une inflammation du tendon d’Achille dans sa zone d’insertion osseuse : cette tendinite d’Achille constitue donc une enthésopathie, accentuant les douleurs du pied et de la cheville, à la marche ou à l’effort. Cette tendinopathie peut évoluer avec des risques de calcification, voire de rupture partielle ou complète du tendon.
Maladie de Haglund : traitement naturel ou meilleur chirurgien du pied ?
Au début, le meilleur traitement d’une maladie d’Haglund est naturel : c’est le repos !
Un podologue du sport peut conseiller le port de bonnes chaussures, avec des semelles orthopédiques et des orthèses visant à soulager l’appui sur le talon. L’intervention d’un kiné spécialiste du pied et de la cheville est nécessaire, pour préserver la souplesse articulaire, renforcer les muscles du mollet et calmer la douleur causée par l’inflammation des bourses séreuses rétro-calcanéennes.
Différentes techniques de physiothérapie sont possibles pour calmer la douleur : cryothérapie, massages drainants, massage du fascia plantaire, électrostimulation anti douleur sur les muscles du mollet, ondes de choc sur l’insertion tendineuse…
Il existe toutefois de nombreux cas où le traitement conservateur s’avère insuffisant. C’est pourquoi il est plus sage de consulter un chirurgien orthopédique spécialiste du pied et de la cheville dès les premiers signes de maladie de Haglund, car son expérience permet d’avoir une vue d’ensemble sur toute la chaîne pied cheville tendon, permettant une prise en charge globale et adaptée.
La chirurgie d’une maladie de Haglund non compliquée s’avère relativement simple : il suffit d’une ostéotomie pour réséquer la protubérance osseuse et supprimer tout conflit de l’os du talon. Dans les cas les moins sévères, l’intervention se fait sous arthroscopie, une technique mini-invasive avec une toute petite incision. La récupération est alors rapide, faisant oublier les douleurs de la maladie de Haglund et empêchant toute enthésopathie du tendon d’Achille.