Conflits de la cheville
L’articulation de la cheville est un espace restreint où se logent un nombre élevé d’éléments osseux et de tissus mous.
Malgré cet encombrement, les ligaments, les os, les tendons et autres artères arrivent à s’agencer avec harmonie pour le bon fonctionnement de la cheville.
Mais cet agencement peut être perturbé par des éléments qui en temps normal ne se croisent jamais, commencent à se frotter en eux. On se retrouve alors face à un conflit de la cheville.
Quelles sont les causes de cette pathologie ? et comment la soigne-t-on ?
Quels sont les symptômes observés ?
Qu’est-ce qu’un conflit de la cheville ?
Définition
Le conflit de la cheville indique un contact inhabituel entre les tissus qui constituent l’articulation de la cheville.
Ce contact se produit souvent lorsque le sujet est en mouvement et peut concerner des éléments osseux (contact direct et anormal entre deux os) ou des tissus mous (ligaments et tendons).
Les types de conflits de la cheville
Selon leur localisation sur la cheville, on distingue trois types de conflits de la cheville.
Le conflit postérieur de la cheville (à l’arrière)
On l’appelle aussi syndrome du carrefour postérieur.
Il désigne l’obstruction des parties molles (ou d’os) entre le tibia et l’os du talon en flexion plantaire.
Les éléments osseux ou les tissus mous sont coincés par un mécanisme dit de “casse-noisette” entre la partie basse du tibia et la partie supérieure du calcanéum.
Les lésions se déclarent par des douleurs à l’arrière de la cheville.
Cette affection touche majoritairement les danseurs, à cause notamment de la position des pieds en pointe. Elle provoque mécaniquement l’écrasement des éléments et des tissus présents entre l’os du talon et le tibia.
Les footballeurs aussi sont susceptibles de souffrir de cette affection, lorsqu’ils subissent un traumatisme consécutif à une hyperflexion plantaire.
Le conflit antérieur de la cheville
Il se distingue par des douleurs présentes à l’avant de la cheville. Elles sont accentuées lors de la pratique sportive.
Un des symptômes de cette affection est le relâchement du ligament latéral. Ce qui entraîne souvent une inflammation des tendons et l’apparition d’excroissance osseuses appelées ostéophytes.
Ces excroissances entravent notamment le glissement fluide des surfaces osseuses entre elles.
L’origine du problème à traiter est souvent déterminé par la localisation de la douleur : les douleurs antéro-latérales évoquent un conflit tissulaire, alors que les douleurs antéro-internes suggèrent un conflit osseux.
Les sports de ballon qui sollicitent souvent la flexion dorsale de la cheville sont les plus concernés par ce syndrome.
Le conflit rétro-calcanéen
Aussi appelé conflit de Haglund, il est occasionné par une déformation du calcanéus, qui entre en conflit avec avec le tendon d’Achille.
Ce syndrome est extrêmement douloureux et débouche généralement sur l’apparition d’une inflammation (bursite).
Les causes de la déformation du calcanéus peuvent être le port de talons hauts, ou tout simplement une anomalie génétique telle que les pieds plats.
Causes et facteurs de risque d’un conflit de la cheville
Selon leur localisation sur la cheville, les conflits de la cheville ne sont pas toujours provoqués par les mêmes causes.
Le conflit antérieur de la cheville
Il est souvent la conséquence d’entorses ou de microtraumatismes répétés.
La récurrence de ces épisodes finit par dégrader la cheville et peut conduire à des dommages plus graves et handicapants.
La répétition de ces traumatismes est favorisée par la pratique de sports qui sollicitent les mouvements de flexion dorsale de la cheville. Parmi eux, on peut citer les sports de ballon et en particulier le football.
Le conflit postérieur de la cheville
Il est lui aussi le résultat de micro-traumatismes répétés. Mais cette fois, les sports mis en cause sollicitent le pied différemment :
Le football peut de nouveau être cité, mais cette fois à cause des shoots à répétition.
On évoque aussi la danse classique, qui exige des montées sans cesse répétées sur la pointe des pieds.
Les deux conflits peuvent aussi être provoqués par un traumatisme violent unique.
Lorsqu’ils ne sont pas bien pris en charge, après une entorse par exemple, les conflits antérieurs et postérieurs de la cheville exposent les sujets au risque d’une instabilité de la cheville.
Conflits de la cheville : les symptômes
Les symptômes des conflits de la cheville sont eux aussi classés en fonction de la localisation du conflit.
Le conflit antérieur de la cheville
Il se traduit par des douleurs lors de la mobilité. Pendant la pratique des activités sportives par exemple.
Ces douleurs sont plutôt localisées sur la partie avant de la cheville et le cou-de-pied.
Chez certains patients, le mouvement de flexion dorsale (cheville relevée) et la position accroupie deviennent presque impossibles.
Le conflit postérieur de la cheville
Il provoque des douleurs sur la partie postérieure de la cheville.
Elles surviennent en flexion plantaire, pendant les activités ordinaires de la vie quotidienne ou lors de la pratique d’une activité sportive.
Quels examens pour un conflit de la cheville ?
La personne qui consulte pour une instabilité de la cheville se voit en général prescrire un traitement adapté.
Celui-ci peut aller d’une simple immobilisation de la cheville (pour une cicatrisation naturelle) à une intervention chirurgicale (ligamentoplastie).
Examen clinique
Lorsque le médecin soupçonne la présence d’un conflit de la cheville, il reproduit la douleur par palpation directe du cou-de-pied ou en forçant le mouvement de flexion de la cheville.
Une douleur localisée sur les côtés (antérolatérale) orientera le médecin vers un conflit au niveau des tissus, alors qu’une douleur sur le dessus (antéro interne) fera soupçonner un conflit d’éléments osseux.
Les examens d’imagerie viendront confirmer ou non les premières observations du médecin.
Examen(s) d’imagerie
Pour confirmer le diagnostic médical, et selon les précisions recherchées (conflit osseux ou des tissus mous), l’imagerie médicale fera appel à la panoplie des examens habituels : radiographies standards, scanner simple ou arthroscanner, IRM, échographie, scintigraphie osseuses isolée ou couplée avec un scanner, etc.
Traitement des conflits de la cheville
Traitement médical
Le traitement conservateur (médical) est toujours proposé en première intention.
Il recourt à diverses options de traitement, qui peuvent parfois être associées :
- cryothérapie (traitement par le froid) ;
- strapping limitant la flexion plantaire ;
- antalgiques et anti-inflammatoires ;
- port de chaussures adaptées ;
- rééducation adaptée au type de conflit etc.
Traitement chirurgical
Le Dr Nicolas Baudrier préconise le traitement chirurgical lorsque la réponse au traitement conservateur n’est pas satisfaisante.
Les gestes réalisés seront adaptés aux lésions ayant causé le conflit.