Hallux rigidus et goutte du gros orteil sont deux pathologies articulaires, affectant l’articulation métatarso-phalangienne de l’avant pied sur son bord médial. Il ne faut toutefois pas confondre ces deux entités, car leur cause et leur prise en charge diffèrent profondément : découvrez pourquoi ?
Hallux rigidus et goutte, c’est quoi ?
L’hallux rigidus est le terme médical désignant l’arthrose du gros orteil du pied (hallux), dont les principales manifestations cliniques sont la douleur et la rigidité (rigidus). Cette maladie articulaire est une chondropathie, caractérisée par une dégénérescence et une usure du cartilage articulaire, qui finit par être détruit. L’âge ou les micro-traumatismes répétés sont les principales causes d’une arthrose du gros orteil. La goutte est quant à elle une maladie métabolique, caractérisée par l’accumulation de cristaux d’acide urique dans les articulations, créant une inflammation secondaire. L’acide urique est un déchet de l’organisme normalement éliminé par les reins. Lorsqu’il est en excès dans le sang (hyper uricémie), par exemple sur une alimentation carnée trop riche, il peut alors se localiser en intra-articulaire. Cette arthropathie goutteuse ou uratique aboutit à terme à la déformation des articulations, sans toucher uniquement le gros orteil du pied. La différence entre une crise de goutte et un hallux valgus tient donc principalement dans les causes responsables, ces deux arthropathies pouvant avoir une expression clinique similaire.
Quelles sont les similitudes entre goutte et hallux rigidus ?
Hallux rigidus et goutte se présentent comme deux pathologies chroniques des articulations ou arthropathies, plus ou moins handicapantes, évoluant fréquemment par poussées inflammatoires : on parle alors de crise d’arthrose ou de crise de goutte.
Ces deux arthropathies présentent des signes cliniques très proches :
- Des signes fonctionnels, avec une douleur articulaire évoluant par crise et, à terme, une baisse progressive de la mobilité articulaire qui se bloque. Cette ankylose articulaire est due essentiellement aux réactions osseuses dans l’arthrose (ostéophytes ou exostoses) et aux cristaux d’urates qui s’accumulent dans la goutte.
- Des signes locaux, avec une déformation progressive des articulations, pouvant même donner des difficultés à se chausser.
Comment distinguer crise de goutte et crise d’arthrose du gros orteil ?
De par leur cause et leur mécanisme, ce qu’on appelle l’étio-pathogénie, il existe une réelle différence entre un hallux valgus et une goutte articulaire. Il est alors conseillé de recueillir l’avis d’un chirurgien orthopédique ou rhumatologue spécialiste du pied et de la cheville, d’autant que ces deux pathologies peuvent coexister, les lésions chroniques induites par une goutte pouvant favoriser dans un second temps une arthrose du gros orteil. Le spécialiste du pied va d’abord s’appuyer sur l’examen clinique du pied et de l’orteil, avec étude de ses éventuelles déformations. Une douleur localisée du 1er rayon marquée à froid et à chaud est plus évocatrice d’un hallux rigidus, alors qu’une douleur de rythme inflammatoire avec poussées nocturnes évoque plus une arthropathie microcristalline.
Dans un second temps, le spécialiste du pied et de la cheville va s’appuyer sur les examens complémentaires :
- Bilan sanguin avec hyper-uricémie en cas de goutte
- Bilan radiologique, avec recherche des ostéophytes et examen de l’espace inter-chondral sur une suspicion de hallux rigidus, alors que la radio est normale dans les premiers stades d’une crise de goutte aiguë
Ce recours à un spécialiste du pied et de la cheville reste essentiel pour mettre en place le bon traitement médical ou chirurgical, et soulager durablement la douleur du pied et du gros orteil, qu’elle soit due à un hallux rigidus ou une crise goutteuse. C’est particulièrement vrai si les deux pathologies coexistent sur le gros orteil, pour comprendre laquelle des deux reste la plus handicapante pour le patient.