Chirurgie de la luxation des tendons fibulaires
Cette prise en charge doit se faire idéalement par un spécialiste de la cheville et du pied, d’autant que la luxation des fibulaires peut échapper facilement au diagnostic.
Dans quels cas avoir recours à la chirurgie sur une luxation des fibulaires ?
Compte tenu de l’importance de ces tendons dans la stabilité dynamique de la cheville (flexion du pied, éversion plantaire), leur luxation va être à l’origine de troubles fonctionnels importants, sur des gestes aussi banals que la marche ou le saut. L’absence de traitement aboutit à terme à des tensions mécaniques accrues et de plus en plus invalidantes, avec risque de déchirure des tendons, d’instabilité de la cheville, voire d’arthrose.
Le traitement médical, par immobilisation de la cheville au moins 45 jours, ne donne aucun résultat durable, hormis peut-être de très rares cas de subluxation légère et intermittente des tendons péroniers. Le traitement de choix d’une luxation des tendons fibulaires reste donc une opération de la cheville.
Chirurgie d’une luxation des tendons fibulaires : définition
La chirurgie sur une luxation des tendons péroniers se présente comme une chirurgie sur-mesure dans le choix des techniques, en tenant compte :
- De l’ancienneté de la luxation, aiguë ou chronique.
- De l’importance des lésions (stade I à IV de la classification d’Eckert et Davis).
- De l’existence ou pas de facteurs anatomiques favorisants, comme un péronéus quartus ou une gouttière rétro-malléolaire insuffisamment concave.
- Du caractère initial ou au contraire récidivant de la luxation (rechute après une première opération par exemple).
Objectifs
Une opération des tendons fibulaires vise à supprimer la douleur, et à rétablir la stabilité dynamique de la cheville pour empêcher l’aggravation des lésions, en remettant les tendons dans leur gaine d’origine et en la réparant.
Si besoin, d’autres gestes techniques peuvent être associés pour empêcher une récidive de la luxation des tendons péroniers, parfois fréquente dans certains cas.
Chirurgie d’une luxation des tendons péroniers en pratique
Le plus souvent, cette opération de la cheville s’effectue à ciel ouvert, avec une cicatrice pouvant mesurer une dizaine de centimètres.
Dans des cas plus rares, elle peut s’effectuer sous arthroscopie, avec plusieurs petites incisions. Le choix de la technique ne se fait pas sur des considérations esthétiques, mais sur l’importance des lésions à traiter.
L’intervention sur la luxation des tendons péroniers s’effectue le plus souvent sous anesthésie loco-régionale et en ambulatoire. Dans certains cas, une anesthésie générale de courte durée reste possible.
Le patient est allongé sur le dos ou de ¾ de côté, avec un garrot à hauteur du mollet ou de la cuisse.
Déroulement de la chirurgie d’une luxation des tendons fibulaires
La longueur et le nombre des incisions sur la cheville dépendent des gestes opératoires à réaliser. Plusieurs gestes techniques peuvent d’ailleurs être associés, en particulier en cas de lésions annexes : tendinopathie, avulsion osseuse, malformation osseuse ou tendineuse…
Selon les cas, le chirurgien spécialiste de la cheville peut ainsi :
- Réparer la gaine des fibulaires, en la remettant en tension et en la suturant si besoin au périoste (fils, ancres…).
- Effectuer une plastie de reconstruction des fibulaires, avec un transfert calcanéen ou du ligament court fibulaire.
- Refixer un détachement osseux par des vis (luxation des tendons péroniers de stade III avec avulsion osseuse).
- Recréer une butée osseuse ou une gouttière rétro-malléolaire profonde, émonder un tubercule calcanéen, effectuer une ostéotomie de valgalisation du calcanéum…
Suites post-opératoires de la chirurgie d’une luxation des tendons fibulaires
Après toute opération de luxation des péroniers, les Dr Baudrier et Shitrit accordent une grande importance à la prise en charge de la douleur de la cheville, avec un traitement adapté. Un traitement préventif contre les risques de phlébite est aussi réalisé.
Consignes post-opératoires
- Traitement antalgique (le paracétamol est souvent suffisant).
- Soins locaux si besoin, comme des compresses de froid contre l’œdème et la douleur.
- Traitement contre la phlébite (injections d’héparine).
- Soins infirmiers pour le pansement.
- Visites de contrôle avec le chirurgien.
Rééducation post-opératoire
Dans les premiers jours, il s’agit avant tout de soins de physiothérapie pour calmer la douleur, limiter l’œdème et éviter la formation d’éventuelles adhérences.
Dans un second temps, un travail de renforcement de la cheville peut être envisagé, sans jamais forcer, en ciblant les muscles et tendons péroniers.
La durée de cette rééducation est adaptée à l’état du patient, mais aussi à ses objectifs de récupération (notamment en cas de pratique sportive) : il faut généralement 3 mois pour reprendre le travail proprioceptif, et entre 3 et 6 mois pour une reprise des activités sportives.
Reprise des activités
Il faut généralement 6 à 8 semaines pour reprendre sans risque des activités de base, comme la marche ou des sports sans contrainte mécanique majeure sur la cheville (natation, cyclisme…). Pour les activités à risques, il faut généralement plusieurs mois et l’accord du chirurgien orthopédique.
Risques et complications de la chirurgie d’une luxation des tendons fibulaires
- Complications locales, type infection, hématome ou plus rarement séquelles nerveuses (paralysie, perte sensibilité, picotements…).
- Troubles de la cicatrisation cutanée (désunion, nécrose, cicatrice chéloïde…).
- Douleurs persistantes ou algodystrophie, pouvant persister plusieurs semaines.
- Raideur articulaire avec formation d’adhérences, en principe évitables avec une rééducation adaptée par kinésithérapie.
- Risques de rechute et de récidive, notamment en cas de facteurs favorisants (malformations) ou d’une reprise trop précoce du sport après l’opération de la cheville et des tendons.
Chirurgie d’une luxation des tendons fibulaires : résultats
Le taux de récidive sur une retente isolée du rétinaculum est faible.
Un bon geste technique par un chirurgien spécialiste de la cheville, et une rééducation complète mais progressive, sont souvent la clef d’une chirurgie des tendons fibulaires réussie.